La Librairie Obliques, établie dans le centre ville d’Auxerre dans l’Yonne, existe depuis 1978 et tire son nom de la revue littéraire parue jusqu’en en 1981. En 2011, Grégoire Courtois reprend cette librairie et se lance dans la grande aventure, celle du métier de libraire.
Lorsque Grégoire Courtois rêvait de son futur métier, devenir libraire ne lui venait pas vraiment à l’idée et c’est un peu par hasard s’il est aujourd’hui gérant de la librairie Obliques. En 2011, l’ancienne propriétaire cherchant un nouveau gestionnaire de confiance lui propose de reprendre les rênes de la maison. Grégoire Courtois travaille alors à quelques pas de là, au théâtre d’Auxerre et Obliques est sa librairie officielle. Reprendre une librairie quand on y connaît rien ? Voilà l’aventure dans laquelle il s’est lancé.
l rachète la librairie, grâce à différents organismes comme le CNL (Centre National du Livre) ou l’ADELC (Association pour le Développement de la Librairie de Création) qui lui permettent de trouver les fonds nécessaires.
« Economiquement parlant, c’est plutôt simple. C’est plus dur d’être embauché comme libraire que de reprendre la gestion d’une librairie ». Il apprend les bases de la gestion à la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de l’Yonne, cumule les stages dans d’autres librairies et se lance …
Aujourd’hui, la librairie compte trois salariés permanents dont un responsable du rayon jeunesse, et la plupart du temps, un stagiaire.
LIBRAIRIES VERSUS GRANDES ENSEIGNES
A 6 mois d’écart, un Cultura et un Espace Culturel Leclerc ouvraient à Auxerre. « Cette ville méritait une grande surface culturelle, mais en ouvrir deux en si peu de temps, c’était meurtrier pour les libraires du centre-ville ».
En réaction contre ces enseignes qui dévalorisent le travail du libraire, il décide de poster une vidéo en ligne : on le voit dans celle-ci présenter le nouveau rayon Surgelés de la librairie Obliques. « Si eux se mettent à vendre des livres, alors moi je peux vendre des steaks ! » Une vidéo qui va avoir, à la grande surprise du libraire, un retentissement national. « Avant, j’avais du mal à être vraiment reconnu en tant que libraire, après ça, la question ne se posait même plus, j’étais rentré dans la famille. »
LA RECETTE D’UNE LIBRAIRIE QUI MARCHE
La recette d’une librairie qui marche pour Grégoire Courtois ? Lire, connaître les livres que l’on vend, avoir un site internet efficace, être présent sur les rés
eaux sociaux, inviter les auteurs … « On veut faire de la librairie un lieu de vie, un lieu de passage, les gens viennent ici parce qu’ils cherchent quelque chose de différent », « on aimerait bien pouvoir payer le café à tout le monde, même si ici c’est un peu trop petit ».
En fait, il faut être dynamique : « on ne peut pas attendre en se disant que les gens vont faire l’effort de venir nous voir ». Et surtout sortir du format de librairie de l’avant internet : « depuis le mois d’août, nous sommes passés à la vente de livres en ligne », une nouveauté qui porte ses fruits …
TROUVER LE BON LIVRE POUR LA BONNE PERSONNE
« Lorsque les gens viennent nous voir, ils nous demandent très souvent ce que l’on a aimé lire dernièrement, mais l’enjeu n’est pas de leur faire lire ce que l’on a aimé, c’est plutôt de réussir à trouver un livre qui corresponde à leurs attentes. Si je vendais uniquement les livres que j’aime, je ferais faillite ». Mieux vaut s’attendre donc à vendre et à conseiller aussi des livres que l’on n’a pas aimés.
IL FAUT ETRE UN PEU FOU POUR ETRE LIBRAIRE
Grégoire Courtois l’affirme : pour être libraire il faut quand même avoir une certaine dose de folie. Le métier de libraire est un travail très prenant qui ne s’arrête jamais réellement. Il fait notamment remarquer qu’il est nécessaire d’avoir une famille compréhensive : « la lecture des livres que l’on reçoit se fait sur notre temps personnel, celui que l’on devrait parfois consacrer à sa famille. »
La librairie, c’est avant tout un commerce dit Grégoire Courtois : « Je me suis vite aperçu que les factures s’entassaient. » Et c’est en plus « un des commerces qui a le plus de fournisseurs », 600 environ. « En gestion, c’est un travail incroyable ». D’ailleurs le libraire a très vite demandé l’aide d’un comptable pour l’aider.
La situation parfois complexe de la librairie indépendante peut également faire peur. « Nous évoluons encore dans un contexte indécis même si nous sommes quand même protégés par le prix unique du livre ». Les gros poissons de la vente en ligne dont fait partie Amazon sont un danger pour les libraires. « C’est insupportable pour nous dans notre petite boutique de penser qu’ils risquent de ruiner notre commerce et en même temps une vie de quartier uniquement pour se faire de l’argent, c’est déloyal. »
Concernant la nouvelle vague du livre numérique, Grégoire Courtois est serein. Pour lui, un livre est trop bien conçu pour être un jour surpassé par les liseuses et les tablettes numériques qui n’ont techniquement pas apporté grand-chose de plus. « A part peut-être un libraire, je connais très peu de personnes qui emportent 600 livres en vacances à la plage. »
Autant dire que le livre a encore de beaux jours devant lui …