C’est à la bibliothèque municipale de Digoin, charmante petite ville de Saône-et-Loire, que Mme Agnès Alquier a accepté avec beaucoup de gentillesse de s’entretenir avec nous afin de nous parler de son métier.
Une bibliothèque riche en fonds
« Nous avons un bon fonds, assez riche, dixit les lecteurs. » nous confiait Mme Alquier lors de notre entretien. Seulement, il semble que ce ne soit pas le seul point fort de cette bibliothèque. En effet, à l’intérieur de ces locaux ayant ouvert leurs portes dès Octobre 2000 sont proposés, sur une surface de 800m² ouverte au public, de nombreuses animations ainsi qu’un fonds très varié touchant le plus grand nombre.
« On touche toutes les tranches d’âge, c’est l’un de nos points forts. Nous avons une animation bébés lecteurs que toutes les bibliothèques ne proposent pas, la traditionnelle heure du conte, et l’on accueille toutes les classes de Digoin et de la Communauté de Commune du Val de Loire car nous sommes une bibliothèque municipale mais à rayonnement intercommunal. On est à cheval sur deux départements, deux régions, et jusqu’à cette année sur deux académies. Nous travaillons également avec le Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile qui fait un travail chaque année que nous exposons à la bibliothèque. On a ainsi développé un fonds pour l’apprentissage du français, ça a aussi été un axe de développement assez important. Et puisque nous avons ici une communauté de Portugais et d’Italiens, j’ai voulu développer un petit fonds de romans dans ces deux langues, en plus de l’anglais et de l’allemand ». Les employés de cette bibliothèque, au nombre de cinq, proposent également plusieurs prix et animations pour les adolescents, les adultes ainsi que les personnes âgées, d’où le public large pouvant être revendiqué.
« Le livre va perdurer »
Nous avons voulu connaître la position de Mme Alquier par rapport à l’émergence du numérique et des nouvelles technologies en bibliothèques, puisque ceci reste un axe de développement non-négligeable dans celles-ci.
« Je suis très ouverte au numérique, il n’y a pas de soucis. Il faut suivre les évolutions. Je ne vois pas le numérique contre le livre, il va perdurer. Il faut trouver un juste équilibre entre tous les supports. Et puis on est à une période charnière, tout le monde n’est pas encore équipé, tout le monde ne sait pas encore se servir d’un ordinateur. »
Le monde des bibliothèques et celui du livre en général ont subi quelques évolutions au cours de ces dernières années, et d’après Mme Alquier, l’arrivée d’internet a même été un énorme bouleversement, de même que l’a été celle de l’imprimerie au XVème siècle. A l’échelle de la bibliothèque de Digoin, quelques évolutions notables, en plus de l’informatisation du fonds en 2000, ont également été observées ces dernières années.
« C’est lié aux nouvelles technologies : le fait de travailler plus en réseau. Notamment en raison des contraintes budgétaires, le prêt entre bibliothèques se développe. Quand la Bibliothèque Départementale de Prêt n’a pas l’ouvrage demandé, le but est quand même de satisfaire le maximum de demande, je passe donc en revue plusieurs catalogues de bibliothèques. »
« On est bibliothécaire 24h/24 »
En poste à la bibliothèque municipale de Digoin depuis 2004, Mme Alquier exerce néanmoins depuis vingt ans. Cette dernière a en effet obtenu son DEUST option « Métiers du Livre », puis par la suite une Licence et une Maîtrise en Lettres Modernes. C’est donc avec un Bac +4 en poche, qu’en 1995, elle réussit le concours de bibliothécaire de cadre A et obtient son premier poste dès l’année suivante. Ainsi, Mme Alquier a déjà pu exercer dans deux autres bibliothèques de taille similaire avant celle-ci, ces dernières étant situées dans des villes différentes. Cependant, c’est dès son adolescence que cette dernière a vu le métier de bibliothécaire s’imposer à elle. « Depuis l’âge de treize ans je veux travailler autour du livre, et puis rentrée au lycée c’était acté, je voulais être bibliothécaire » nous confiait-elle.
Amoureuse des livres depuis son plus jeune âge, cette dernière l’est d’ailleurs toujours autant.
« De toute façon quand on est bibliothécaire on a toujours un livre dans son sac, et à la maison. On va dans une ville on va voir comment est la bibliothèque. On est bibliothécaire 24h/24. »
Des bibliothécaires bien présentes
« Il y a un côté personnel dans ce métier, quand on fait une animation on y met de soi. Mais je ne suis pas spécialisée, je fais un petit peu de tout. Je gère une petite équipe, je touche à tout. »
Nous avons ainsi voulu savoir ce que notre hôte préférait dans son métier, et qu’elles étaient selon elle les qualités nécessaires qu’un ou une bibliothécaire devait posséder.
« Ce que j’aime beaucoup c’est justement la diversité. Il a des moments où l’on fait du catalogage, où j’aide aux animations, à l’accueil. J’aime aussi travailler en réseau avec mes collègues et avec toutes les associations, les écoles et le collège. Quant aux qualités, je pense qu’il ne faut pas être rebuté par le rangement, aimer le contact avec tous les publics, rester calme en toute situation et enfin être familier des nouvelles technologies pour pouvoir aider les gens à se retrouver dans cette jungle qu’est internet. »
Et lorsqu’on lui demande si elle pense que les gens ont aujourd’hui une image faussée du métier, cette dernière nous répond spontanément : « Oui toujours. Ce côté « ce n’est pas pour moi » existe toujours. La bibliothécaire lit, et puis en dehors des périodes d’ouverture elle ne fait rien, elle n’est pas là. Et bien si, on est là. ».
Suite à notre entretien, nous avons eu le plaisir de visiter une partie de la bibliothèque, visite durant laquelle Mme Alquier nous a confié un aspect négatif du métier, touchant certainement toute bibliothécaire passionnée en nous affirmant que « Le plus difficile n’est pas d’acheter, mais de désherber. »
Bibliothécaire, un métier avec ces avantages et ces contraintes donc, que Mme Alquier a su nous faire partager avec passion.